Le retable de saint Walhère d'Onhaye : sauvegarde d'une œuvre en péril.
La commune d'Onhaye conserve, au sein d'une chapelle, un retable du XVIe siècle actuellement dans un état de conservation très précaire. Conservart a été chargé de sa dépose et de sa mise en sécurité dans l'attente d'un traitement de conservation-restauration et d'une étude matérielle approfondie.
1. Le retable de Saint-Walhère
Conservé dans une chapelle inscrite à la liste du patrimoine wallon, le retable
d’Onhaye (H. 139 x l. 96 cm env.) se compose de quatre panneaux racontant quelques
épisodes de la vie de saint Walhère : le martyr de Walhère, la translation du corps du
saint, la traversée de la Meuse opérée par le meurtrier de Walhère, le vicaire d'Hastière et enfin, l’adoration des reliques de Walhère. Ces panneaux sont encadrés d’un corps de moulure de style Renaissance composé de guirlandes de fruits et de mascarons.
Au XVIIe ou au XVIIIe siècle, le retable Renaissance a été intégré dans une structure de style baroque (H. 250 x L. 150 env.) d’une modénature sobre. Cette structure se compose d’une pièce d’appui accueillant les deux colonnes aux chapiteaux corinthiens, surmontées d’un entablement dont la frise ne comporte pour seul décor qu’un cartel indiquant « St Walhère ».
Dans sa configuration actuelle, le retable présente une hétérogénéité stylistique atténuée d’emblée par l’actuelle polychromie de piètre qualité.
La tradition veut que ces quatre panneaux de chêne sculptés et polychromés soient issus de l’ancienne châsse de saint Walhère. Nous observons à ce premier stade d’observation une certaine cohérence stylistique entre l’encadrement Renaissance et le style des panneaux sculptés. L’étude matérielle (dendrochronologie de la structure et étude stratigraphique et topographique) devrait apporter des éléments de réponse. Ceci dit, la châsse actuelle est datée de 16751 (bien que date incertaine). Ce qui n’empêche donc pas ces panneaux d’avoir été – peut-être – récupérés de l’ancienne châsse et intégrés à la structure Renaissance…
2. De l'importance d'un sauvetage ou la sauvegarde d'un joyau Renaissance
L’intérêt du projet de conservation-restauration est double. Sur le plan historique et cultuel, ce retable constitue, avec le chef-reliquaire, un des plus anciens témoignages
du culte du saint en la commune d’Onhaye ; les autres œuvres illustrant le saint étant
plus tardives (XVIIe-XIXe siècle). Sur le plan patrimonial, le retable constitue un des
rares témoins des retables produits en Namurois au XVIe siècle ayant encore conservé sa polychromie.
Malheureusement, le retable d’Onhaye se trouve aujourd’hui dans un état de conservation précaire, mettant l’œuvre en péril. En effet, l’ensemble du retable est affecté par des soulèvements de polychromie ayant, en de nombreux endroits, évolués vers la perte de matière. Les murs de la chapelle sont particulièrement humides ; ce qui affecte grandement le comportement d'une œuvre en bois recouverte de couches de polychromies lorsque l'objet se trouve en contact étroit avec la maçonnerie.
Entreprendre un traitement de conservation permettrait non seulement de contribuer à la sauvegarde de ce témoin de l’art en Namurois au XVIe siècle, mais également de participer, au travers de l’étude matérielle, à une meilleure connaissance de l’art de la sculpture en bois polychromé de la région, d’autant que les témoins sont rares ; une grande partie des sculptures et des retables ayant été décapée. Or, une première observation du retable permet de constater l’existence de plusieurs couches de polychromie sous-jacente à la polychromie actuelle. L’étude matérielle consécutive à un impératif traitement de conservation-restauration permettra d’en savoir davantage.
3. Une première étape de sauvetage pour le retable d'Onhaye
A l'initiative d'Arnaud Gérard, échevin du Patrimoine et des Cultes, la commune d'Onhaye a décidé de débloquer un premier budget permettant de procéder premièrement au fixage temporaire des soulèvements de matière et ensuite d'effectuer la dépose et le transport du retable afin qu'il soit mis à l'abri des grandes tentations. En effet, il y a peu de temps, un des quatre panneaux historiés s'est désolidarisé de l'ensemble du retable et la chapelle, située le long d'une route, est fréquemment ouverte durant la journée.
La seconde étape consiste en une mise en œuvre du traitement de conservation curative : le nettoyage et le fixage de la polychromie. Cette seconde phase terminée, il sera alors possible d'entamer l'étude matérielle préalable de ce fleuron du patrimoine namurois du XVIe siècle. Il faut à présent trouver les fonds nécessaires à un tel projet de restauration.
Nous souhaitons ici remercier vivement Madame Aurélie Stuckens (Bouvignes, Maison du patrimoine médiéval Mosan) pour son dynamisme qui a, sans conteste, contribué au bon déroulement de cette première phase de sauvetage.
Article de presse : journal Vers l'Avenir du vendredi 2 octobre 2020 : 2020-10-02 Onhaye, Un retable du XVIè siècle dans la chapelle (l'Avenir)